Le chevalement

Photo Cheminezenlair

Il leur était si familier ce chevalement qui surplombait les buttes alentour !

Ce passage en aller-retour emprunté par les perreyeux.

Dans la cabine de l’ascenseur qui plongeait dans le puits,

le coeur n’était pas à la fête pendant cette descente vers les profondeurs de la mine,

ses longs boyaux et ses chambres humides.

La remontée mettait le coeur en joie

avec cette hâte de refaire surface,

revoir le ciel enfin ! Et parfois bien qu’exténués,

admirer le carreau et les blocs bien alignés prêts à être fendus.

Les ardoisières ont cessé leur activité.

Sont restés dans le paysage

ces chevalements témoins du passé !

Photo Cheminezenlair

 

Traces

Dans la boue fraîche du chemin

Un homme est passé ce matin.

Photo Cheminezenlair

Voici l’empreinte d’un marcheur :

On lit une marque à l’envers

Moulée dans le gros caoutchouc

De la semelle à lourdes côtes.

Quelqu’un m’a précédé ici.

Il n’est pas loin devant, sans doute

Cette silhouette incertaine

Tremblant là-bas sur l’horizon ?

Photo Cheminezenlair

Dans la boue fraîche du chemin

Un homme est passé ce matin.

Photo Cheminezenlair

Voici des cailloux déplacés

Par on ne sait quel pas pressé

Traçant sa route à coups de pieds.

Est-ce un ami que j’ai manqué ?

Peut-être est-il passé lundi,

Pourrai-je encore le rejoindre ?

Et si l’on a le même but

Le saluerai-je mieux là-bas ?

Photo Cheminezenlair

Dans la boue fraîche du chemin

Un homme est passé ce matin.

Photo Cheminezenlair

Voici encore d’autres traces

Bien embouties, ou bien légères.

La terre foulée, piétinée

Supporte tous ces témoignages.

Terre qui conserve en mémoire

La foule humaine qui chemine,

Est-ce qu’un pied posé ici

Crée du bonheur ailleurs sur terre ?

Photo E. T.

Dans la boue fraîche du chemin

Un homme est passé ce matin.

Photo Cheminezenlair

Les gens d’Apollo sur la lune

Ont eux aussi gravé leurs pas

Mais solitaires, permanents,

Ils ne mèneront nulle part.

Sur terre au moins dans la poussière

C’est l’humanité qui s’imprime

Et ne laisse jamais tout seul

Le pauvre voyageur perdu.

Photo Cheminezenlair

Dans la boue fraîche du chemin

Un homme est passé ce matin.

Photo Cheminezenlair

Multitude toujours en route,

Sans s’arrêter, sans se lasser

Sous le regard clair du soleil

Progresse en forçant son destin.

Et moi j’avance entre ces marques

Toutes tournées vers l’infini.

Dans les débris du temps qui passe

Mes deux pieds laisseront-ils trace ?

Photo Cheminezenlair

Dans la boue fraîche du chemin

Un homme est passé ce matin.

Photo Cheminezenlair

Jacques-Philippe Strobel

22/07/2012, quelque part sur un chemin de Compostelle