D’après une cheminée ancienne
La fumée, un instant dans l’air, dessine le ciel autour d’elle
et, telle une fée infidèle, dissipe sans bruit, sans éclair
ce moment d’âme
et le remplace
par un presque pareil dessin
comme une femme cache un sein pour dévoiler l’autre…
Et l’espace tremble comme un frêle instrument
dont le temps toucherait cent cordes à la fois,
décochant des hordes d’oiseaux sonores et déments.
Cette chimère illuminée monte pourtant d’un bois défunt
dont on médite le parfum au fond de quelque cheminée.
J’ai nargué la nuit et le froid, de l’Arbre à la Flamme à la Cendre,
mais, le temps venu d’y descendre, un feu persiste, au fond de moi,
qui brûlait d’être forme aimée
esquissée un moment d’azur
puis dissipée aussitôt,
sûr…
d’avoir été de la fumée!
Gilles Vigneault
Autant de fois que feuille tremble au vent.
Nouvelles éditions de l’Arc. 1982
Merci à Raphaël pour l’envoi de ce très beau texte