Voyage dans l’antre de chez-soi

Confinement et isolement nous cantonnent dans nos quartiers familiers où tout d’un coup l’habitat se transforme en forteresse silencieuse alors que l’espace familial résonnait hier des rires joyeux. L’espace domestique ne fait plus sens en l’absence de la liberté de l’ouvrir à ceux qu’on aime.

Tel un lézard dans son placard, je me cache et j’observe.

Et les images défilent…

Alors une petite musique intérieure m’invite au voyage.

Boulevard Haussmann

 

Boulevard Haussmann, Antoine Blanchard (1910-1988)

Balcon 1880, Gustave Caillebotte (1848-1894)

Les cheminées ont disparu

mais leur ombre court encore

le long des murs de la maison voisine

une ombre de suie

leur demeure abolie

ne circule plus que sur une carte postale

si elle eut cette chance

sinon, plus rien.

et l’ombre même des cheminées s’efface

tandis que sourit l’agent immobilier.

Raymond QUENEAU, Courir les rues. Ed Gallimard