Au temps des baillis

Témoin du temps des baillis,

le vieux Palais de justice de Briollay avec sa stature imposante,

Photo Cheminezenlair

nous parle de ces audiences publiques qui pouvaient se révéler longues.

Pour chauffer la salle d’audience,

il fallait alimenter en bois la grande cheminée.

Le conduit cylindrique en tuffeau a vu passer bien des souffles,

étouffant les cris et les soupirs !

Photo Cheminezenlair

 

Secrets de la mine

Se dresse dans le ciel bleu l’enrouleur venté de l’épi de faitage qui tracte un chariot.

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Entends-tu enfant le grincement du treuil?

Il chantonne les secrets de la mine.

Quoi que charriaient les chariots, minerai ou pierre, en remontant des entrailles de la terre, les contenus tombaient lourdement sur le carreau.

Et les hommes épuisés qui remontaient du fond regagnaient leur maison d’un pas lourd.

Et les journées se succédaient ainsi, descendre dans les entrailles de la terre puis remonter, parfois en hiver sans voir le jour.

Comme le chariot de la mine, les charretées de vie treuillées par l’exercice de mémoire font revenir du passé des scènes enfouies au fond de galeries sombres ou remontées à la surface et oxydées rapidement. Chacun a retenu sa version… parfois il est bon d’ajuster les partitions !

Madame la pluie sévit

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 Il pleut sur la Seine

Depuis des semaines,

Il pleut sur la Seine.

Assis sur un banc,

Je chante pourtant

La Faridondaine.

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Pourquoi m’en ferais-je ?

Qu’il pleuve ou qu’il neige,

J’écoute mon coeur.

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Comme moi, il aime

Chanter dans la pluie

De vieilles rengaines

Où il pleut ainsi

Depuis des semaines ;

Où il pleut aussi

Au bord de la Seine.

 Maurice Carême

Complaintes

Ecrit à Nogent-sur-Seine, le 28 août 1970

© Fondation Maurice Carême