Patrimoine de la mémoire ouvrière!…

Vois, toi, promeneur,

sur les buttes alentour,

les plis et veines profondes

de cette roche qui affleure

en arêtes tranchantes.

Remontée des profondeurs,

débitée par les querneurs,

puis détaillée

sous les huttes des fendeurs,

l’ardoise imprime sa force bleue :

toiture livre à l’envers,

empilement d’opus dans les murets

sentiers de poussière bleutée…

Omniprésence de la note bleue :

des violettes des sous-bois,

au bleu profond de l’eau des étangs

formés sur fond de carrière,

des poinçons d’ardoise brillant sous la peau

des mains abîmées,

aux bleus chagrins

dans le coeur des veuves et orphelins

lorsque les perreyeurs ont péri sous les blocs

coincés dans les galeries

ou étouffés de silicose.

Imperméable aux pluies amères des regrets,

indifférent à la pyrite de fer

qui le menace de rouiller,

face aux tempêtes,

en orneaux massifs, debouts ou couchés

comme les rochers de Belle-Ile en Mer

tant que le bleu-nuit luit

le monde du schiste survit.