Celle qui résiste

Au bord du chenal, sous le ciel d’orage, elle claque au vent la cabane orange !…

Son tuyau de poêle à fuel, coiffé d’un kissenot, vous salue de ses rayons argentés.

Casiers et poches bien empilés attendent la prochaine marée.

 

La danse du requin blanc

Cette histoire extraordinaire m’a été contée par un petit bout de tuyau de cheminée couleur lagon intrigué par la présence d’un requin blanc sur son toit !

Photo Cheminezenlair

Parfois le destin veille aux rencontres improbables et c’est un jour de grande tempête que les chemins d’une petite coquille Saint Jacques et d’un requin blanc se sont croisés.
Le requin habitué à nager en eaux profondes, là où abondent les bancs de poisson qu’il dévore avec délectation, avait dérivé vers la côte poussé par de forts courants.
Il s’était retrouvé coincé entre deux rochers qui abritaient, en leur creux sableux, une colonie de coquilles Saint Jacques qui trouvaient là le plancton nécessaire à leur survie.
C’est dans cette excavation, où le requin se sentait à l’étroit, qu’ils avaient fait connaissance.
Elle avait su trouver les mots pour calmer cet agité qui se sentait prisonnier, lui qui ne connaissait que la liberté des grands espaces marins.
La petite coquille savait que la marée montante offrirait à ce géant des mers la possibilité de reprendre le large et elle lui conseilla la patience.
Comme il se tortillait au-dessus d’elle, elle avait pu remarquer ses grands yeux scrutateurs, sa musculature et sa mâchoire aux dents acérées et elle se disait qu’un coup d’aileron pourrait la fracasser sur les rochers.

Photo Cheminezenlair

Mais elle pensa qu’un tel ami pourrait la protéger des étoiles de mer qui voulaient la dévorer.
De plus, elle devait s’avouer qu’elle était attirée par le charme de ce mastodonte si fort en apparence et pourtant si vulnérable.
Le requin blanc avait lui aussi observé la coquille. Il fut subjugué par ses petits yeux curieux qui lançaient des étincelles, la douceur de sa voix et les dessins harmonieux de sa coquille qui formaient comme un éventail de doigts soudés qui pourraient bien s’ouvrir pour le toucher. Il restait sur ses gardes, mais pour l’heure, elle semblait se mouvoir tranquillement sur le fond sableux et il réussit à rester calme.

Ils restèrent ainsi à s’observer un long moment, puis il lui demanda de le suivre lorsqu’il pourrait se libérer, mais la coquille lui expliqua qu’elle ne nageait pas très bien, ni très loin et que dans sa colonie elle n’avait pas été habituée aux grands déplacements.
Tous deux étaient un peu tristes de ne pouvoir poursuivre ensemble leur route, alors que le courant marin les avait rapprochés.
Bientôt, comme l’avait prévu la coquille, le niveau d’eau grimpa rapidement avec la marée et le requin blanc se retrouva avec soulagement en capacité de nager à l’aise pour rejoindre les hauts fonds.
Chacun allait donc reprendre ses habitudes mais la marée qui avait été libératrice pour le requin, présentait ce jour-là des coefficients si forts, que les bancs de sable furent remués violemment au point que les pauvres coquilles se trouvaient soulevées sans ménagement et précipitées au-delà de leur zone d’habitat.
Notre coquille, le cœur léger et perdue dans ses pensées après la rencontre qu’elle venait de vivre, se trouva projetée plus haut que ses compagnes. Elle eut l’impression de voler et elle trouva cette nouvelle sensation assez agréable mais la chute sur la tôle ondulée du hangar à bateaux la tira brutalement de ses rêveries.
Que faire en si mauvaise posture ? Appeler à l’aide mais qui l’entendrait ? Se laisser glisser au sol ?  Impossible, elle était rivée à un clou du toit !
Elle n’eut pas beaucoup de temps de réflexion car sans ombre et hors de l’eau, les rayons chauds du soleil l’asséchèrent vite.
Les vibrations ultimes de la coquille parvinrent aux ouïes ultra sensibles du requin blanc qui nagea le plus vite possible à son secours.

Photo Cheminezenlair

Hélas !  Il arriva trop tard !
La belle couleur brun rouge de la coquille grisaillait déjà. Le requin veilla sur elle toute la nuit et il eut l’idée de demander à la lune de couvrir de ses rayons argentés son adorable coquille pour l’étamer joliment pour l’éternité.

Photo Cheminezenlair

Voilà pourquoi vous pouvez apercevoir un grand requin blanc danser, sauter, se trémousser au-dessus du toit du hangar à bateaux, semblant inviter à le suivre la petite coquille pétrifiée dans son habit argenté.

Photo Cheminezenlair
Photo Cheminezenlair

Espionnage furtif

Voyons, voyons !…

Il semblerait que la rue s’anime

Visan 2Observons, scrutons…

Mais qui est là ? Qu’est-ce qu’ils font ?

Viens derrière moi

Visan masqueNous avancerons masqués !